En 1500, Diego Diaz, navigateur Portugais en route vers les Indes, fut le premier Européen à approcher les côtes de Madagascar, qui reçut alors le nom d'île Saint-Laurent (le saint du jour de la découverte: le 10 août 1500). Diego Diaz fit la connaissance des Merina sur les hauts plateaux, puis des Sakalava à l'ouest, des Betsimisaraka à l'est et ensuite des Bara au sud. Les Portugais établirent à leur tour quelques comptoirs qui périclitèrent rapidement et disparurent; ils abandonnèrent l’île.
Pendant le XVIe siècle et le début du XVIIe siècle, l'île Saint-Laurent ne servit que de rade de ravitaillement non seulement pour les marins portugais mais aussi pour leurs rivaux, les Hollandais, les Anglais et les Français. Mais les rapports entre les Européens et les Malgaches ne furent pas toujours pacifiques et, chassés par les autochtones, les Hollandais ne réussirent pas à créer des établissements durables; ils se contentèrent de faire du commerce entre l’Europe et les Indes, avant de préférer la colonie du Cap où ils s'implantèrent au XVIIe siècle. Les Anglais, venus plus tard au milieu XVIIe siècle, ne réussirent pas davantage à s'installer à Saint-Augustin et à Nosy Be. Il fallut attendre le milieu du XVIIe siècle pour voir les Français s'établir à Fort-Dauphin au sud de l’île.
-La Royauté à Madagascar:
L’unification du royaume Merina et de Madagascar
Entre-temps, les autochtones s’étaient regroupés sur l'île pour former des royaumes, tant à l'est (Menabe, Boina) qu’à l'ouest (Betsimisaraka: «les nombreux inséparables») et au sud (Betsileo). Au centre du plateau, les Hova (Merina) fondèrent la ville fortifiée d'Antananarivo (Tananarive). Ils nommèrent le pays Imerina et donnèrent à ses habitants le nom de Merina. Durant tout le XVIIe siècle, Madagascar fut dominée par la multiplicité des petits royaumes malgaches. Parmi les tentatives de conquête, la plus remarquable est peut-être celle des Sakalava qui, au milieu du XVIIe siècle, dominèrent toute la côte est et y jetèrent les bases d'un véritable empire. Toutefois, la puissance Sakalava fut minée par des querelles de succession et buta à l'opposition des Merina auxquels les Sakalava durent finalement se soumettre.
L'unification du pays fut réalisée au siècle suivant par le souverain Merina Andrianampoinimerina (vers 1787-1810) qui regroupa les petits royaumes des hauts plateaux, établit une véritable législation et instaura une administration locale. Son fils et successeur, Radama 1er (1810-1828), céda aux sollicitations des Britanniques installés sur l'île Maurice et inquiets de voir la France prendre pied sur Madagascar. Il signa en 1817 un traité d'amitié avec les Britanniques qui dotèrent les merina d’armes modernes et entraînèrent les troupes autochtones; puis les missionnaires britanniques fondèrent des écoles et introduisirent le christianisme. Fort de l'appui anglais, Radama 1er poursuivit l'unification entreprise par son père et étendit sa domination sur une grande partie de l’île. En matière linguistique, l’oeuvre de Radama 1er fut importante. D’abord, il favorisa le développement de l'enseignement qui connut un essor remarquable dès 1820. La scolarisation se faisait dans la langue maternelle des élèves et les maîtres malgaches pouvaient avoir recours à l'anglais (la langue des missionnaires) pour accéder aux manuels et aux sources du savoir occidental. Ce faisant, le roi dota le malgache d'une écriture en caractères latins et fit traduire la Bible en malgache. Pour leur part, les quelques écoles catholiques installées à Tananarive dispensaient un enseignement en français.
À la mort de Radama Ier, sa veuve, Ranavalona 1re, lui succéda en 1828 et mit fin à la politique de réformes menées par son défunt mari; elle décida de fermer les écoles et de chasser les missionnaires britanniques; elle finit par expulser tous les Européens au moment même où les Sakalava se plaçaient sous la protection de la France, qui occupait l’île Nosy Be en 1841. Les Français en profitèrent pour revenir dans la Grande Île.
À la mort de Ranavalona 1re en 1861, son fils Radama II, élevé par des Européens, rouvrit le pays aux puissances coloniales. Il attribua à certains hommes d'affaires français des pouvoirs économiques exorbitants. L'oligarchie malgache, inquiète de l'européanisation forcée, fit étrangler le roi en 1863. L'année suivante, le chef de l'armée, Rainilaiarivony, un Merina, devint premier ministre, épousa successivement les reines Rasoherina, Ranavalona II et Ranavalona III, et exerça le véritable pouvoir. Pour éviter la mainmise européenne sur son pays, il choisit de le moderniser et se convertit au protestantisme avec une grande partie du peuple en 1869. Il demeura à la tête du pays pendant plus de trente ans. Durant le règne du premier ministre Rainilaiarivony, les missionnaires catholiques revinrent et les écoles se multiplièrent. Les jésuites s'installèrent à Tananarive et Tamatave. Dès 1862, ils publièrent une série de manuels scolaires et de livres religieux à l'usage des élèves et des catholiques malgaches. Tandis que les protestants (la London Missionnary Society, les anglicans, les luthériens et les quakers) enseignaient en malgache, les catholiques, surtout dans les écoles urbaines, enseignaient le français à leurs élèves. Cependant, en raison de la conversion au protestantisme en 1869 de la reine et du premier ministre, les écoles protestantes furent beaucoup plus florissantes. Évidemment, l'école propagea davantage le français que l'anglais, compte tenu que dans les écoles protestantes on enseignait en malgache.
En 1883, la France occupa Tamatave (Côte Est) et Majunga (Côte Ouest). Deux ans plus tard, elle obtint la permission de s'installer à Antsiranana. Par le traité ambigu de 1885 (vu comme un traité d’amitié par les Merina), la France imposa à l'île un quasi-protectorat: puis un général français s'installa à Tananarive avec une escorte militaire et représenta officiellement Madagascar dans ses relations extérieures. Le protectorat français fut reconnu, en 1890, par la Grande-Bretagne et l'Allemagne, mais il fut refusé par le premier ministre malgache Rainilaiarivony.
En représailles, Paris envoya des troupes (15 000 hommes) à Antananarivo. Le Général Gallieni, devenu Gouverneur, entreprit la «pacification» et l’unification de l'île avec le concours du colonel Lyautey. Le 30 septembre 1895, Tananarive fut militairement occupée, le premier ministre Rainilaiarivony, exilé, et la reine Ranavalona III, détrônée. L'île de Madagascar devient officiellement une colonie française en 1896.
-La colonisation Française à Madagascar:
En 1642, Jacques de Pronis, commis de la Compagnie française de l'Orient fondée par le cardinal de Richelieu (ministre de Louis XIII), s'installa avec quelques Français au sud-est de l'île. De Pronis était officiellement chargé de «prendre possession de l'Île, de fonder des habilitations et de pratiquer la traite» (commerce). L’année suivante, sur l'ordre de Richelieu, il fonda en l'honneur du futur roi Louis XIV Fort-Dauphin qui devint ainsi une escale importante sur la route des Indes. En 1649, Étienne de Flacourt, envoyé par la Compagnie de l'Orient à Fort-Dauphin pour rétablir l'ordre à Madagascar, renvoya Jacques de Pronis en France. Ce dernier avait choqué les autochtones en vendant des esclaves aux Hollandais établis dans l'île Maurice. Étienne de Flacourt, qui avait reçu le titre de "Commandant Général de l'île de Madagascar", séjourna sur l’île jusqu’en 1655. Il publia en 1658 une Histoire de la Grande Ile de Madagascar, comprenant aussi un dictionnaire de 3500 mots malgaches: cet ouvrage demeurera pendant deux siècles la source principale des connaissances sur Madagascar et ses habitants.
La colonie de Madagascar, dont l’île était appelée île Dauphine, périclita après le départ d’Étienne de Flacourt en 1655, car ses successeurs n’eurent pas sa valeur. La nouvelle Compagnie des Indes orientales fit moins de profit, les navires vinrent plus rarement et les colons se découragèrent; la Compagnie des Indes orientales se tourna alors vers l'Inde et se désintéressa de l'établissement de Madagascar. Des missionnaires furent envoyés afin de convertir au catholicisme les populations voisines de Fort-Dauphin; ils rédigèrent un catéchisme bilingue et un dictionnaire de la langue malgache, instituèrent un petit séminaire et envoyèrent en France quelques jeunes Malgaches pour parachever leur éducation. Après le massacre de la garnison de Fort-Dauphin en 1674 par les populations locales, les 63 survivants français s'embarquèrent pour l'île Bourbon (l’actuelle île de La Réunion) alors déserte. Par la suite, les gouverneurs de Bourbon utilisèrent Madagascar comme réserve d’esclaves pour leur île. Pour leur part, les pirates, surtout des Français, des Anglais et des Américains, utilisèrent l'île comme base pour leurs expéditions et leurs prises dans l'océan Indien.
Avec l’abandon de Madagascar, l’effort français dans l’océan Indien fut reporté sur l’île Bourbon (La Réunion), qui avait reçu les derniers colons de Fort-Dauphin et des apports nouveaux, soit des Français et des esclaves malgaches. L’île Maurice, abandonnée par les Hollandais en 1712, fut occupée par les colons de Bourbon en 1721; l’île Rodrigues fut peuplée plus tard. Par la suite, les Seychelles devinrent aussi des îles françaises. À partir de 1720, le café d’Arabie fut introduit à Bourbon et en fit bientôt la fortune. Pour se livrer à cette culture, il fallait un ravitaillement en vivres (riz, bœufs, etc.) et en main-d’œuvre (esclaves). La Grande Île, toute proche, réapparut comme le fournisseur idéal. De là vint l’idée pour les Français d’y refaire du commerce.
La colonisation française ne reprit qu'après le traité de Paris de 1763 (alors que les îles Maurice, Rodrigue ainsi que les Seychelles étaient devenues anglaises), sous la tutelle de Louis XV, puis de Louis XVI, et fut poursuivie, après la Révolution française, par Napoléon. Des comptoirs furent rétablis sur la côte est, et un gouverneur fut nommé à Tamatave (centre-nord). Celui-ci dut commencer par combattre les Hova (Merina) qui, alors dominés par les Sakalava et forts de l'appui des Anglais, prétendaient s'approprier l'île entière. Les Sakalava furent vaincus et se virent, en 1840, contraints de placer sous le protectorat français les deux seuls territoires qui leur appartenaient encore: les îles de Mayotte (Comores) et de Nosy-Be (nord-ouest de Madagascar).
-La tutelle française (1896):
En 1896, le Parlement français vota l'annexion de Madagascar en tant que colonie. Doté des pleins pouvoirs civils et militaires, le Général Gallieni entreprit d'organiser le pays en créant des cadres administratifs et une justice autochtones, en instituant un enseignement laïc chargé de promouvoir la langue française devenue obligatoire et en faisant lever de lourds impôts. La ville de Diego-Suerez, dans le Nord, devint la plus importante base navale française de cette région de l’océan Indien et protégeait ainsi la route de l'Indochine. L’île attira les planteurs et les compagnies européennes, mais la dépossession des terres autochtones et l’imposition du code de l’indigène ravivèrent le nationalisme malgache.
-L'indépendance de Madagascar:
La Marche vers l'indépendance de Madagascar
Après la suppression du parti MDRM par l’autorité coloniale et l’exil en France de ses trois leaders (Joseph Ravohangy, Joseph Raseta et Jacques Rabemananjara), un homme, Philibert Tsiranana, grâce à son charisme, a su s’imposer comme l’homme clé de la marche vers l’indépendance de Madagascar. L’élimination du parti MDRM de l’échiquier politique malgache ne signifie pas l’élimination de tous ses cadres ni celle de tous les nationalistes malgaches qui affirment lutter pour l’indépendance. Sauf que, au vu de la circonstance, tant sur le plan intérieur que sur la scène internationale, ceux qui prétendaient être « les héritiers » du MDRM n’ont pas su appliquer la subtilité et l’intelligence politique qui faisaient jadis (avec le trio de tête) la force de ce parti. Au lieu de jouer la modération, ils ont emprunté la ligne dure du mouvement. Ce qui condamne leur action à l’échec car leur message passe mal auprès de l’opinion publique malgache.
Au contraire, Philibert Tsiranana, pourtant une personne qui fut un temps membre du Padesm (parti désigné comme étant anti-MDRM), ancien du SFIO, ancien de la force politique « Nouvelle Action madécasse », se révèle être la personne qui sait le mieux porter les « messages » fédérateurs habituellement tenus par le MDRM.
Avec le parti PSD (Parti social démocrate, englobant alors Madagascar et les Comores et affilié à SFIO : section française de l’internationale ouvrière, l’ancêtre du parti socialiste français) qu’il a crée le 28 décembre 1956, Il fonde sa politique sur trois piliers : (1) La revendication indépendantiste, (2) la recherche de l’unité nationale, et (3) l’amitié avec la France. Ce qui renforce fortement sa popularité dans tout le territoire de Madagascar.
Aux élections législatives de janvier 1956, il a même séduit le parti FNM (Front national Malgache) dirigé par des cadres Merina, anciens membres du MDRM, et il est élu triomphalement député dans la circonscription de Mahajanga (côte Ouest de Madagascar).
Aussitôt élu, et en mars 1956, il affirme l’insatisfaction des malgaches pour « l’union française » et demande à la France coloniale l’abrogation de la loi d’annexion d’août 1896. Lors du référendum du 28 septembre 1958 relatif à l’intégration de Madagascar à la communauté française (la seule voie légale permettant à Madagascar d’accéder à l’indépendance), Philibert Tsiranana mène campagne en faveur du « Oui » pendant que l’UPM (L’union des populations malgaches), un parti qui se dit issu également des branches tananariviennes du MDRM (mais plutôt de l’aile dure), roule pour le « Non ». Le « Oui » l’emporte largement avec 77% des voix. Cette victoire du « Oui » réconforte la position de Philibert Tsiranana et le pousser à exiger l’abrogation de la loi d’annexion du mois d’août 1896 ainsi que l’érection d’une République autonome de Madagascar. Autrement dit, quelques uns des objectifs principaux du MDRM.
Pour mettre toutes ses chances de son côté afin de pouvoir faire aboutir cette quête de l’indépendance nationale, Philibert Tsiranana et ses alliés politiques instaurent « la République autonome malgache » lors du Congrès des conseillers provinciaux qui s’est tenu à Toamasina le 14 octobre 1958. Il devient, d’ailleurs, le Premier ministre provisoire. Le lendemain, la France, mis devant le fait accompli, ne peut que constater la caducité de la loi d’annexion de 1896.
Deux jours plus tard, le 16 octobre 1958, le Congrès élit au scrutin de liste majoritaire par province une Assemblée constituante composée de 90 membres. Fâchés d’avoir été mis en minorité par ce mode de scrutin, l’UPM, le FNM et l’Associations des amis des paysans (des partis implantés essentiellement dans la seule province d’Antananarivo) fusionnent le 19 octobre 1958 pour créer l’AKFM (Parti du Congrès pour l’indépendance de Madagascar). Ce nouveau parti, dirigé par le pasteur Richard Andriamanjato est soviétophile et devient le principal opposant au gouvernement.
L’Assemblée constituante adopte une constitution, s’imprégnant beaucoup des institutions de la 5ème République française mais avec quelques caractéristiques propres (un président et un vice-président, des provinces dotées de conseils provinciaux jouissant d’une certaine autonomie etc.), élaborée par le gouvernement le 29 avril 1959. L’objectif étant de mettre toujours plus de pression sur l’autorité coloniale pour que l’indépendance soit acquise.
Le 1er mai 1959, un Collège de grands électeurs est constitué, comprenant le parlement, les conseillers provinciaux ainsi que des délégués des communes, pour élire le président de la République malgache. Quatre candidats sont en lice : Philibert Tsiranana, Basile Razafindrakoto, Propser Rajoelson et Maurice Crumer. Sur les 114 suffrages exprimés, Philibert Tsiranana, sans surprises obtient 113 voix et élu président de la République malgache. Avec ce pouvoir accru, Philibert Tsiranana s’impose auprès du Général de Gaulle pour obtenir la souveraineté nationale de Madagascar.
En février 1960, une délégation malgache dirigée par André Resampy se rend à Paris pour négocier les transferts de compétences. Philibert Tsiranana a beaucoup insisté pour que tous les représentants des forces vives nationales malgaches soient représentés au sein de la délégation afin d’influencer la négociation en faveur de l’intérêt national malgache. Seul l’AKFM refuse. Le 02 avril 1960, les accords franco-malgaches sont signés entre le premier ministre français Michel Debré et le président malgache, Philibert Tsiranana. Le 04 juin, le parlement malgache adopte à l’unanimité ces Accords. Le 26 juin 1960, Madagascar devient indépendant. L’indépendance de Madagascar est donc ainsi obtenue grâce aux concours exceptionnels de presque toutes les forces vives de la Nation malgache bien que les démarches pacifiques suivies étaient loin d’être celles qui sont les plus faciles.
En février 1960, une délégation malgache dirigée par André Resampy se rend à Paris pour négocier les transferts de compétences. Philibert Tsiranana a beaucoup insisté pour que tous les représentants des forces vives nationales malgaches soient représentés au sein de la délégation afin d’influencer la négociation en faveur de l’intérêt national malgache. Seul l’AKFM refuse. Le 02 avril 1960, les accords franco-malgaches sont signés entre le premier ministre français Michel Debré et le président malgache, Philibert Tsiranana. Le 04 juin, le parlement malgache adopte à l’unanimité ces Accords. Le 26 juin 1960, Madagascar devient indépendant. L’indépendance de Madagascar est donc ainsi obtenue grâce aux concours exceptionnels de presque toutes les forces vives de la Nation malgache bien que les démarches pacifiques suivies étaient loin d’être celles qui sont les plus faciles.
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